Le livre de Jessie : Journal de guerre d’une famille coréenne


Faites-vous partis de ceux que l’éducation nationale et certains professeurs ont dégoûté de la littérature ? Même si cela tend à changer, il m’est aujourd’hui extrêmement difficile de lire un roman, du théâtre ou tout autre forme écrite. Seule la bande dessinée est parvenue à me faire aimer la lecture. J’ai donc malheureusement une culture littéraire extrêmement restreinte, dont Le journal d’Anne Franck. Journal mondialement connu, il est souvent comparé à un journal coréen. En effet, « Le journal d’Anne Franck » est le journal de bord d’une réfugiée juive durant la 2e Guerre Mondiale. Mon œuvre, elle, raconte la fuite d’une famille coréenne en Chine durant la seconde guerre sino-japonaise de 1937 à 1945. Ce livre servira à la création bien des années plus tard, en 2016, d’un manhwa, ou bande dessinée coréenne, qui est, à mon sens, une œuvre majeure dans la transmission de la mémoire d’un peuple opprimé. Il est intitulé « Le livre de Jessie – Journal de guerre d’une famille coréenne » par Park Kun-Woong et traduit par Kette Amoruso.

L’auteur :

Park Kun-Woong est un auteur qui m’avait déjà tapé dans l’œil ! Étant un grand amateur d’œuvres historiques et de témoignages, genre que Woong est habitué à dépeindre, il faisait déjà partie de ceux que je devais absolument découvrir. De fait, on le retrouve en France aux éditions Casterman avec le récit présent, mais aussi avec « Fleur » en 3 tomes, chez Cambourakis avec « Je suis communiste » en 2 tomes, mais aussi chez La boite à bulles avec « Traité comme une bête » et aux éditions Vertige Graphic avec « Massacre au pont de No Gun Ri ». Enfin, on le retrouve aux éditions Rue de l’échiquier avec « Un matin de ce printemps-là » et « Mémoires d’un frêne ». Oui, il y a du choix et tant mieux ! Car ce manhwa m’a juste donné envie d’aller dévorer tous ses autres ouvrages !

Résumé :

Le manhua « Le livre de Jessie » raconte donc l’histoire d’un jeune couple coréen, Yang Wu-Jo et sa femme Choi Seon-hwa, auteurs du livre d’origine qui, en raison de la guerre, mais aussi dû au statut de son mari, vont devoir fuir dans toute la Chine, échappant pendant plus de 8 ans aux bombardements, à l’insalubrité, à la faim et surtout à la mort. En effet, comme la Corée est occupée par l’armée japonaise et que son mari fait partie de la résistance, elle va le suivre, lui et tous les déserteurs, toujours plus loin dans l’horreur. Durant cette fuite racontée presque au jour le jour, viendra s’ajouter la petite Jessie, personnage éponyme de la BD, qui sera pour ses parents, son entourage, mais aussi pour le lecteur, la seule source de joie et de lumière dans cet enfer interminable. Car l’amour est une chose, mais quand le mari de Choi Seon-hwa doit partir pendant des semaines, voire des mois loin de sa femme pour ces réunions clandestines, heureusement que ce petit bout de choux est là pour lui donner de l’espoir. 

C’est un récit très dur, et bien que le dessin de l’auteur soit très rond, presque mignon, un noir profond règne, imposant un sentiment de malaise et de tension. Pour accentuer le trait, le beau temps est alors synonyme de violents bombardements, souvent meurtriers. Seules la nuit et la tempête, mais aussi certains moments de contemplation des différents paysages parcourus, pourront laisser un peu de répit à ces rêveurs de liberté. Bien sûr, durant plus de 8 ans, la mort fut omniprésente et avec elle son lot de pertes. L’auteur arrive pourtant à raconter ce drame avec une grande finesse, sans jamais tomber dans une lourdeur qui nous ferait décrocher du livre. Et cela, en partie grâce au dessin certainement, mais aussi et surtout grâce à Jessie, à ses mimiques, sa tendresse, son sourire, mais aussi ses caprices quelques fois. C’est grâce à cette jeunesse, notamment celle de Jessie, que toute cette communauté peut souffler, avoir un moment de détente, d’espoir en l’avenir, en une jeunesse qui pourra, on l’espère, continuer à brandir le drapeau de la paix et de la liberté.

Conclusion :

Voilà, je n’en dirai pas plus pour vous laisser découvrir le long, très long voyage de cette famille ! J’ai tout simplement adoré. Les dessins changent beaucoup de ce que l’on peut voir, même parmi les autres œuvres de l’auteur. Ainsi, même s’il ne s’agit pas du type de patte artistique que je préfère, certaines planches sont vraiment fabuleuses et on pourrait les contempler très longtemps sans s’en lasser. Finalement, au fil de ce voyage, les différents personnages, mais nous aussi, espérons trouver une échappatoire, peut-être la fin de ce cauchemar perpétuel, pour un monde plus juste, plus sûr et plus sain. Seule la jeune génération en est capable, mais sauront-ils supporter et continuer à porter le lourd fardeau des anciennes générations ?

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